Expo Haute sensibilité
Crédit photo : ©Didihortense / Punk’s not dead
Photographe plasticienne, je conçois la photo comme un tableau. Depuis les débuts de ma recherche, j’associe l’engagement du corps par la danse à la prise de vue.
Au gré des hasards de mes déambulations et de la manière de poser sur le regard sur ce qui m’entoure, un champ de colza se métamorphose en tableau impressionniste, un plafonnier se mue en une nuée de chimères, halos fantomatiques.
Le travail sur la série témoigne du mouvement que j’emprunte pour déformer le réel. En jouant sur le temps de pose, les lignes de ma danse, boitier en main, je travaille la lumière et la couleur comme matières vivantes. La variation de mon mouvement dansé lors de la prise de vue fait surgir des dynamiques dans la forme et propose de transfigurer le banal.
Par l’empreinte, saisir le vif.
Je mets en jeu mon corps comme un pinceau, qui par le mouvement et l’intention, créée des images poétiques à partir du réel.
Je cherche à troubler l’évidence de la perception immédiate et rendre visibles les forces au-delà des formes.
Ecriture sismographique du souffle du mouvement et de ses métamorphoses.
La puissance de l’art est sa capacité de transformation.
Je conçois le geste artistique comme un acte micropolitique : on ne peut espérer une transformation politique sans mener une bataille pour l’imaginaire. Saturés d’images surcodées, assignés à des résidences identitaires closes, nous subissons une profonde abrasion de l’imaginaire.
Il ne s’agit pas de dénoncer ou de regretter cet état mais de proposer une Bifurcation.
Ma recherche pourrait se définir comme un ouvroir potentiel de l’imaginaire, hommage Aux Oulipiens et à leur rapport au jeu et à la contrainte.
En m’accompagnant de la réflexion de Georges PEREC sur « l’infra-ordinaire », je tente de rendre fertile notre capacité d’émerveillement et de partager une vision poétique du monde.
Cette recherche comprend un rapport au temps qui nécessite un pas de côté : une temporalité permettant d’accéder à un état de contemplation et de résonance. La réalité apparente est une construction, une fiction. Elle est impossible à représenter, une part échappe toujours car nous sommes aussi constitués de vide, d’ondes et de vibrations : je tente de transcrire cette part qui échappe au langage.
Pari d’un partage sensible.
Dans ma recherche artistique, le sens n’est ni offert ni imposé. S’il s’invite, c’est à partir d’une perception sensible qui met en mouvement la pensée associative.
Ma recherche se construit avec les registres conceptuels et sensibles sans hiérarchiser les savoirs. La pensée est mouvement, le corps pense. Ma pratique de la danse consiste à atteindre un état de disponibilité et de résonance vibratoire.Claire PERRET alias Didihortense.
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